La Bible parle-t-elle de l'instruction des enfants ? - Charles NICOLAS
(décembre 2023)
Comme à chacune de ses parutions, le rapport Pisa suscite de nombreuses réactions de la part de personnes qui savent exactement ce qu'il aurait fallu faire, ou ce qu'il faudrait faire maintenant, mais qui semblent éviter soigneusement de remonter jusqu'à la racine du problème.
La Bible parle-t-elle de l'instruction des enfants ? Oui, à de multiples reprises. Je voudrais seulement reprendre ici ce qu'écrit l'apôtre Paul dans sa lettre aux Ephésiens en examinant les 4 premiers versets du chapitre 6. Je ne développe pas, me bornant à souligner quelques principes clés bien souvent négligés, ou même oubliés.
1. Paul s'adresse aux enfants directement, de la part de Dieu, et place leur conscience sous le regard (sous l'instruction) de Dieu lui-même. Enfants, obéissez à vos parents selon le Seigneur. On a cru faire œuvre utile en mettant Dieu hors-jeu, mais c'est toute la chaîne de légitimité et d'autorité qui est ainsi cassée.
Pourquoi Jésus a-t-il admiré l'intelligence du centenier de Luc 7 ? Parce que celui-ci comprend que Jésus détient une grande autorité (Dis une parole et mon serviteur sera guéri) parce qu'il est lui-même soumis à Celui qui l'a envoyé. Cela concerne aussi les autorités civiles. Moi qui suis soumis à mon supérieur, je dis à mon serviteur : Fais ceci et il le fait, dit ce même centenier. Quand Jésus s'adresse à Ponce Pilate, il lui dit : Tu n'aurais sur moi aucun pouvoir s'il ne t'avait été donné d'en-haut (Jn 19.11). D'en-haut. Il y a là une dimension verticale qui a été volontairement abolie aujourd'hui.
2. La première délégation au bénéfice des enfants, c'est celle des parents. Des deux parents. Enfants, obéissez à vos parents. S'il manque, cet échelon est difficilement rattrapable. Le premier devoir des enfants est donc l'obéissance – ce qui suppose que les parents ne se contentent pas de donner à manger ou d'offrir des cadeaux, mais qu’ils donnent des ordres, des ordres justes auxquels les enfants puissent obéir, bien entendu. Ainsi, l'enfant n'est pas qu'un consommateur : il s'inscrit dans une chaine de soumission et de confiance qui lui permet de construire sa personnalité.
3. Ensuite l'apôtre utilise trois verbes qui résument tout le processus d'éducation : Pères, élevez vos enfants en les corrigeant et en les instruisant selon le Seigneur (6.4).
- Elever signifie pourvoir aux besoins vitaux de l'enfant. On peut mentionner la nourriture, la sécurité, l'affection, l'écoute, les soins, la chaleur du foyer et des cœurs. C'est vital. Est-ce toujours acquis ? Loin de là, même si le réfrigérateur est plein. Combien de parents prennent conscience des besoins de leurs enfants seulement quand ceux-ci ont déjà 12 ou 14 ans ? C'est un peu tard. Faut-il rappeler que l'apport de la mère et du père sont complémentaires et donc nécessaires l'un et l'autre, et qu'ils devraient s'accorder ? Et que cela demande du temps et donc des choix de priorité ?
- Corriger se rapporte à la formation du caractère. Nous l'avons rappelé, l'enfant n’est pas qu'un consommateur. Il doit apprendre à dire merci, à écouter quand on lui parle, à être respectueux, à s'abstenir de comportements déplacés, à gérer ses envies, à user de sa volonté de telle sorte que, prenant de l'âge, il sera en mesure de dire oui quand il le faut et de dire non quand il le faut (on n'est pas obligé de faire comme tout le monde...).
Les émotions, l'impulsivité, n'ont pas le dernier mot. La patience, la tempérance, la générosité, la capacité à demander pardon, à se soumettre quand cela est juste ou à résister quand cela est nécessaire, tout cela s'apprend et nécessite une forme de discipline qui devra être adaptée à chaque enfant et ne jamais introduire de doute sur l'amour des parents. Mais aimer ne signifie pas dire oui à tout. Par contre, corriger suppose que l'enfant ne manque de rien de ce qui lui est nécessaire. Le lieu prioritaire pour cela, c'est évidemment la maison. Si c'est acquis à la maison – ou en voie d'acquisition – c'est gagné.
- Instruire suppose que l'enfant est d'abord correctement élevé (ses besoins vitaux sont assouvis, il est écouté) et correctement corrigé (il sait gérer ses envies, sa volonté, il sait écouter). En d'autres termes, seul un enfant qui a été écouté et qui sait écouter peut être correctement instruit. Cela se passe d'abord à la maison. Sinon, la déperdition sera très grande, quand bien même il y aurait un enseignant pour 15 élèves.
En France, les écoles relevaient jusqu'en 1932 du Ministère de l'Instruction publique. Cela signifiait que les parents étaient sensés assumer les deux premiers échelons du triptyque : élever et corriger. C'est sous le gouvernement d'Edouard Herriot (radical socialiste, fondateur de la section lyonnaise de la Ligue des Droits de l'Homme, fervent défenseur de la laïcité, promoteur du pacte franco-soviétique avec Joseph Staline) qu’est instauré le Ministère de l'Education nationale. Il ne restait aux parents qu'à donner le vêtement et la nourriture et à amener leurs enfants à l'école qui prendrait le reste à sa charge. Charge démesurée, assurément.
Nombreux sont les enseignants qui constatent qu'une proportion de plus en plus importante des enfants ne sont pas en mesure d'être instruits correctement. Des besoins plus fondamentaux que l'instruction (être aimé, être écouté, être corrigé) n'ont pas été pris en compte correctement à la maison. Peut-être était-ce déjà le cas pour les parents… On pourrait aussi parler du rôle des écrans, sorte de parent de substitution sur le mode du divertissement, c'est-à-dire de la distraction...
Pourra-t-on donner à Dieu et aux parents la place qui leur revient ? Pourrait-on faire de la maison le premier échelon de l'éducation et de l'instruction ? Il le faudrait et en faire, en lieu et place du fameux pouvoir d'achat, une priorité. Ce serait un signe d'intelligence.
Charles NICOLAS, 6 décembre 2023
La Bible parle-t-elle de l'instruction des enfants ? Oui, à de multiples reprises. Je voudrais seulement reprendre ici ce qu'écrit l'apôtre Paul dans sa lettre aux Ephésiens en examinant les 4 premiers versets du chapitre 6. Je ne développe pas, me bornant à souligner quelques principes clés bien souvent négligés, ou même oubliés.
1. Paul s'adresse aux enfants directement, de la part de Dieu, et place leur conscience sous le regard (sous l'instruction) de Dieu lui-même. Enfants, obéissez à vos parents selon le Seigneur. On a cru faire œuvre utile en mettant Dieu hors-jeu, mais c'est toute la chaîne de légitimité et d'autorité qui est ainsi cassée.
Pourquoi Jésus a-t-il admiré l'intelligence du centenier de Luc 7 ? Parce que celui-ci comprend que Jésus détient une grande autorité (Dis une parole et mon serviteur sera guéri) parce qu'il est lui-même soumis à Celui qui l'a envoyé. Cela concerne aussi les autorités civiles. Moi qui suis soumis à mon supérieur, je dis à mon serviteur : Fais ceci et il le fait, dit ce même centenier. Quand Jésus s'adresse à Ponce Pilate, il lui dit : Tu n'aurais sur moi aucun pouvoir s'il ne t'avait été donné d'en-haut (Jn 19.11). D'en-haut. Il y a là une dimension verticale qui a été volontairement abolie aujourd'hui.
2. La première délégation au bénéfice des enfants, c'est celle des parents. Des deux parents. Enfants, obéissez à vos parents. S'il manque, cet échelon est difficilement rattrapable. Le premier devoir des enfants est donc l'obéissance – ce qui suppose que les parents ne se contentent pas de donner à manger ou d'offrir des cadeaux, mais qu’ils donnent des ordres, des ordres justes auxquels les enfants puissent obéir, bien entendu. Ainsi, l'enfant n'est pas qu'un consommateur : il s'inscrit dans une chaine de soumission et de confiance qui lui permet de construire sa personnalité.
3. Ensuite l'apôtre utilise trois verbes qui résument tout le processus d'éducation : Pères, élevez vos enfants en les corrigeant et en les instruisant selon le Seigneur (6.4).
- Elever signifie pourvoir aux besoins vitaux de l'enfant. On peut mentionner la nourriture, la sécurité, l'affection, l'écoute, les soins, la chaleur du foyer et des cœurs. C'est vital. Est-ce toujours acquis ? Loin de là, même si le réfrigérateur est plein. Combien de parents prennent conscience des besoins de leurs enfants seulement quand ceux-ci ont déjà 12 ou 14 ans ? C'est un peu tard. Faut-il rappeler que l'apport de la mère et du père sont complémentaires et donc nécessaires l'un et l'autre, et qu'ils devraient s'accorder ? Et que cela demande du temps et donc des choix de priorité ?
- Corriger se rapporte à la formation du caractère. Nous l'avons rappelé, l'enfant n’est pas qu'un consommateur. Il doit apprendre à dire merci, à écouter quand on lui parle, à être respectueux, à s'abstenir de comportements déplacés, à gérer ses envies, à user de sa volonté de telle sorte que, prenant de l'âge, il sera en mesure de dire oui quand il le faut et de dire non quand il le faut (on n'est pas obligé de faire comme tout le monde...).
Les émotions, l'impulsivité, n'ont pas le dernier mot. La patience, la tempérance, la générosité, la capacité à demander pardon, à se soumettre quand cela est juste ou à résister quand cela est nécessaire, tout cela s'apprend et nécessite une forme de discipline qui devra être adaptée à chaque enfant et ne jamais introduire de doute sur l'amour des parents. Mais aimer ne signifie pas dire oui à tout. Par contre, corriger suppose que l'enfant ne manque de rien de ce qui lui est nécessaire. Le lieu prioritaire pour cela, c'est évidemment la maison. Si c'est acquis à la maison – ou en voie d'acquisition – c'est gagné.
- Instruire suppose que l'enfant est d'abord correctement élevé (ses besoins vitaux sont assouvis, il est écouté) et correctement corrigé (il sait gérer ses envies, sa volonté, il sait écouter). En d'autres termes, seul un enfant qui a été écouté et qui sait écouter peut être correctement instruit. Cela se passe d'abord à la maison. Sinon, la déperdition sera très grande, quand bien même il y aurait un enseignant pour 15 élèves.
En France, les écoles relevaient jusqu'en 1932 du Ministère de l'Instruction publique. Cela signifiait que les parents étaient sensés assumer les deux premiers échelons du triptyque : élever et corriger. C'est sous le gouvernement d'Edouard Herriot (radical socialiste, fondateur de la section lyonnaise de la Ligue des Droits de l'Homme, fervent défenseur de la laïcité, promoteur du pacte franco-soviétique avec Joseph Staline) qu’est instauré le Ministère de l'Education nationale. Il ne restait aux parents qu'à donner le vêtement et la nourriture et à amener leurs enfants à l'école qui prendrait le reste à sa charge. Charge démesurée, assurément.
Nombreux sont les enseignants qui constatent qu'une proportion de plus en plus importante des enfants ne sont pas en mesure d'être instruits correctement. Des besoins plus fondamentaux que l'instruction (être aimé, être écouté, être corrigé) n'ont pas été pris en compte correctement à la maison. Peut-être était-ce déjà le cas pour les parents… On pourrait aussi parler du rôle des écrans, sorte de parent de substitution sur le mode du divertissement, c'est-à-dire de la distraction...
Pourra-t-on donner à Dieu et aux parents la place qui leur revient ? Pourrait-on faire de la maison le premier échelon de l'éducation et de l'instruction ? Il le faudrait et en faire, en lieu et place du fameux pouvoir d'achat, une priorité. Ce serait un signe d'intelligence.
Charles NICOLAS, 6 décembre 2023